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Last of the Country Gentlemen
 

Fiche technique

Groupe : Josh T Pearson

Producteur : Non disponible

Distribution : Mute

Année : 2011

Genre : Folk

Autres albums :  

 

Chronique i-muzzik.net ( Adrien Lozachmeur )

 

C'est un pote qui m'avait mis la puce à l'oreille au début des années 2000. "Tu n'as pas entendu parler de ce groupe de texans, Lift To Experience? Il paraît qu'il leur arrive de jouer dans le désert en poussant à fond les amplis". Ça m'intéressait cette histoire. Ce n'est que bien plus tard que j'ai écouté leur opus maximus : "The Texas Jerusalem Crossroads". Un disque démentiel, apocalyptique avec des couches de guitare hypnotiques et un tempo lancinant. On aurait dit un cœur qui allait s'arrêter. On n'a jamais entendu de meilleure illustration sonore de la fin des temps. La voix de Josh Pearson s'élevait, désincarnée, mystique. Il parlait d'anges et de démons, d'enfer et de destruction. Le ton était prophétique. C'est un disque qui ne ressemble à rien d'autre. Qu'est-ce que j'aurais voulu voir ça sur scène à l'époque! Il y a quelques vidéos qui circulent, et c'est franchement impressionnant. Le monde a survécu, mais pas le groupe. Josh Pearson revient de temps en temps. Sa carrière solo est erratique. J'étais donc pas mal excité au moment d'entamer l'écoute de son dernier album "Last of the country gentlemen". Quelques minutes, et voilà. La claque. Josh n'a pas changé, on aurait été surpris de l'entendre dans un virage à la Lily Allen. Sur ce coup, on peut même dire qu'il creuse son sillon. A côté "Texas Jerusalem Crossroads", c'est de la pop. Il a peut-être relu l'Ecclésiaste et il s'est dit que tout n'était que vanité. Il fallait donc revenir à l'essentiel. Exit la séduction de l'instrumentation rock des débuts, exit les mélodies qui agitaient encore des titres comme "These Days". Ici l'os est rongé jusqu'à la moelle. On va à l'essence même des choses. L'approche est ultra-dépouillée. Une voix, une guitare. Josh chante à peine. Ça tient plus de la psalmodie. Ce gars là ne recherche pas un tube, il cherche Dieu! Carrément. Sa musique a une rigueur janséniste. Je l'imagine bien jouer dans la pénombre, dans une atmosphère à la Georges de la Tour. Sans mélodie, on ne fait plus très bien la distinction entre les chansons. C'est un bloc. Dieu ne peut être qu'Unité, il ne se fragmente pas en vérités éparses. Il a tout compris Josh. C'est un saint ... ou un ange déchu. Un ange avec un stetson vissé sur la tête, de quoi alimenter toute une nouvelle iconographie chrétienne. J'imagine des vitraux de cathédrale, avec des cowboys déchargeant leurs revolvers sur des dragons. Il paraît impossible que "Last of the country gentlemen" remporte un franc succès dans les charts. Beaucoup trouveront ça ennuyeux. Peut-être éprouveront-ils tout de même un peu d'angoisse, avant de retourner écouter Radiohead. Au moins là il y a certes de l'angoisse mais c'est joli. L'album de Pearson n'est pas joli, mais il dégage une force, une profondeur rarissimes. Il est tout simplement bouleversant. Il laisse apparaître la Beauté sans apprêts. Paradoxalement, il séduit finalement, mais il ne séduit pas par coquetterie, il séduit par l'Esprit. C'est le genre d'œuvre qui en vidant l'âme du superflu la prépare au frisson ultime de l'extase mystique. J'ai bien dit «Prepare». Je ne m'engage pas sur la suite de l'histoire. L'extase n'est pas garantie. Hélas je ne peux vous promettre des apparitions divines à l'écoute de l'album. Il est possible que vous vous retrouviez bloqués au niveau de l'angoisse. Je décline toute responsabilité. A vous de faire le choix d'écouter ou pas. Vous êtes libres.

 
Extrait de l'album
 

 

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